Une réforme injuste de l’assurance chômage

Le gouvernement prépare une bombe à retardement économique, sociale et politique qui aggravera la précarité des plus fragiles.

La mesure concernant le nouveau mode de calcul du SJR (salaire journalier de référence), prévue dans le cadre d’une réforme plus vaste de l’assurance chômage, entrera en vigueur le 1er juillet. L’Unedic estime pouvoir réaliser une économie de 1 milliard d’euros par an et calcule que 365 000 personnes verront leur allocation reculer de 885 euros net par mois à 662 euros.

Il faut se pincer pour le croire (et imaginer survivre en ayant son budget amputé de 223 € quand on était déjà très pauvre) et tenter de comprendre l’historique et les objectifs poursuivis par cette mesure.

En juillet 2019

Au départ, dans un contexte de croissance économique et de création d’emplois, la Ministre du travail souhaite mettre fin au régime dit de « permittence » qui se traduit par une multiplication de contrats très courts interrompus par des périodes de chômage indemnisées et renouvelés chez le même employeur. La Cour des comptes avait relevé « l’intérêt convergent des salariés et des employeurs », les salariés pouvant profiter ainsi de « super-congés payés » financés par l’assurance-chômage ; les employeurs, de leur côté, versant « des salaires moindres pour des emplois malgré tout acceptés par les salariés du fait des allocations versées » en complément. Soit, mais depuis, il y a eu le Covid.

Au premier trimestre 2021

Alors que les travailleurs précaires basculent dans l’extrême pauvreté, l’obstination du gouvernement à maintenir ce nouveau mode de calcul a été dénoncée par l’ensemble des organisations syndicales, tous les économistes qui avaient inspiré le programme d’Emmanuel Macron en 2016, l’initiateur de la réforme en 2019, l’association où je suis bénévole Solidarités nouvelles face au chômage et toutes les associations mobilisées contre la pauvreté.

Un fondement idéologique 

Quand on prend la décision de réduire les droits des chômeurs précaires, c’est bien parce qu’on pense que beaucoup d’entre eux sont chômeurs volontaires. Il leur aurait suffi de traverser la rue pour trouver un travail. Pire, peut-être qu’on ne pense pas ça mais que des électeurs potentiels le pensent. Au lieu d’encourager cette stigmatisation démagogique et alors que la situation sociale est d’ores et déjà insupportable, c’est au contraire la solidarité qui devrait être mise en œuvre.

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