Episode 32 – Les NER et la réforme des retraites (2/2) -Des risques sociaux accrus pour les Ni en emploi, ni à la Retraite, avec Annie Jolivet, ingénieure de recherche au Cnam.

J’ai interviewé Annie Jolivet en juin dernier et réalisé le montage de cet épisode en août. Avant même la perspective d’un allongement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite de 62 à 64 ans ne devienne imminente.

Cette  seconde partie est à nouveau consacré aux personnes âgées de 50-65 ans qui sont hors emploi, qu’ils soient chômeurs, invalides, bénéficiaires de RSA ou d’autres minima sociaux.

Mon objectif était de comprendre les conséquences pour ces dernières d’une telle décision. En effet, l’attention est focalisée sur les personnes qui, aujourd’hui, sont en emploi et qui, donc, devront travailler deux années de plus. Le sort de ceux qui ne sont pas parvenus à se maintenir en emploi est plus souvent passé sous silence.

Nous parlons « chiffres » mais pas que.

Les « économies » espérées sur les dépenses versées par les Caisses de retraite sont évaluées à 14 milliards d’euros par an dans les premières années.

En contrepartie, on prévoit une augmentation des dépenses sociales : ceux et celles qui aujourd’hui ne sont pas en emploi resteront deux années de plus dans leur situation précaire d’entre-deux ; auxquels s’ajouteront de nouveaux allocataires.

Le Conseil d’évaluation des retraites (COR) estime à 1,3 milliard les dépenses supplémentaires d’assurance chômage et à 3,6 milliards les dépenses supplémentaires liées aux prestations sociales.

14 milliards à comparer à 1,3 + 3,6 = environ 5 milliards

Et beaucoup d’inconnues non chiffrées sur lesquelles Annie Jolivet attire notre attention.

  • Les salariés qui ont accepté de quitter leur entreprise en comptant sur les allocations chômage jusqu’à leurs 62 ans se retrouveront-ils à l’Allocation spécifique de solidarité de 62 à 64 ans ?

  • La promesse de meilleures pensions pour ceux qui travaillent n’est-elle pas illusoire ?

  • Le retard de deux ans se traduira-t-il par des effets sur l’emploi et le chômage des travailleurs des autres tranches d’âge (20-50 ans) ?

  • Est-ce que faire travailler 2 ans de plus les salariés entraînera une dégradation de leur état de santé général ?

À court terme, et budgétairement parlant, le report de l’âge d’ouverture des droits de 2 ans est certes positif. À condition qu’on décide de ne pas tenir compte des effets très lourds sur les NER dont la situation sera aggravée.

D’autres leviers pour améliorer le taux d’emploi des travailleurs expérimentés (et, partant, contribuer au rééquilibrage des comptes sociaux) sont envisageables. J’en évoque quelques-uns, parmi lesquels la lutte contre les stéréotypes âgistes, des mesures pour améliorer le taux d’emploi des femmes, l’environnement des conditions de travail de tous les salariés, tous âges confondus.

Espérons que le débat ne soit pas clos avant même d’avoir pu être ouvert.