Avec cet épisode, je conclus la série sur les stéréotypes, en projet depuis plusieurs semaines, en compagnie de Katerina Zekopoulos.

Nous avions imaginé toutes les deux recourir à un appel à témoignages aux remarques sexistes et âgistes sur nos réseaux. Nous en avons reçu quelques uns qui figurent parmi ceux repris dans cet enregistrement. Mais, nous nous sommes aperçues à cette occasion combien il est difficile de faire état de discriminations qui vous ont déprécié. J’ai donc été contrainte de bâtir cet épisode plutôt sur des commentaires déposés sur le site Embauche un vieux sur LinkedIn ou des extraits entendus sur des podcasts.

Avec cet inventaire, j’ai fini par comprendre qu’il était nécessaire de distinguer les stéréotypes âgistes des stéréotypes « sexâgistes », c’est-à-dire cumulant les deux registres.

En effet, ce que Bénédicte Janssen sur l’Instagram Laisse les rides tranquilles appelle le « duo maléfique » et que Marie Charrel dans son livre « Qui a peur des vieilles » désigne comme « la paire infernale » existe bel et bien mais reste invisibilisé et mal dénoncé par les structures qui travaillent sur la diversité, féministes incluses.

D’où sort cette prévention à l’égard des femmes dès qu’elles approchent la cinquantaine ? À mon sens, elle tient son origine dans l’opinion omniprésente que « les hommes mûrissent pendant que les femmes vieillissent ». En témoignent l’accès aux partenaires plus compliqué pour les femmes qui ne sont plus jeunes, la forte incitation à acquérir des produits anti-âge, et les modèles normés de corps et cheveux qui leur sont imposés.

Les conséquences sur l’emploi des femmes de la persistance de ce double impact sexiste et âgiste sont extrêmement lourdes. On les retrouve dans les montants inférieurs des allocations chômage perçues mais aussi dans les situations de détresse psychologiques et financières, les femmes de 55-64 ans étant particulièrement frappées par la pauvreté.

Les femmes de + 50 ans de ce fait  deviennent les clientes privilégiées de toutes les structures d’accompagnement, auteurs et autrices des livres de développement personnel qui travaillent autour des concepts de « confiance en soi » : ce sera le thème de la série à venir en mai prochain.

Je conclus la série sur les stéréotypes par une opinion personnelle : j’ai le sentiment que toutes les affirmations genre «les vieux sont motivés » et dénonciations verbales genre « non, ils ne sont pas rigides » produisent peu d’effets. Ça fait plaisir, sans déclencher de changement. Pour ma part, je préfère privilégier la méthode préconisée par Camille Bertereau dans l’épisode 21 : former les managers et les recruteurs aux stéréotypes afin qu’ils prennent conscience des biais qui entravent leur raisonnement au moment de promouvoir ou de recruter : est-ce que les compétences de cette candidate correspondent à mes besoins, indépendamment d’un critère d’âge ou de sexe ?

 

Références