Épisode 43 – Formation après 50 ans (3/3) – « C’est sur les plus mouillés qu’il pleut »

Je voulais terminer cette série sur la formation continue des + de 50 ans par un état des lieux : l’ambition affichée « la formation est un facteur clé pour favoriser le travail des salariés âgés » se traduit-elle dans la réalité ?

Christine Fournier et Jean-Marie Dubois, tous deux chargés d’étude au CEREQ, ont analysé les réponses apportées par les salariés âgés de 50 à 64 ans dans l’étude Défis qui a interrogé 16000 personnes sur leurs parcours d’évolution entre 2015 et 2019. C’est Jean-Marie Dubois qui a répondu à mes questions dans cet épisode. Il commente les résultats de leur analyse.

  • Le taux d’accès à la formation chute brutalement après 50 ans. Seul un tiers des + 50 ans accèdent à une formation

  • Pour les employés et ouvriers – les moins qualifiés, et les plus menacés par l’éviction de l’emploi -, la chute est plus précoce (40 ans), le nombre de formations inférieur, traduisant une inégalité majeure liée à la catégorie socioprofessionnelle.

  • Les travailleurs expérimentés formulent moins de souhaits de formation que leurs cadets : anticipent-ils le refus de leur employeur qui, en effet, leur opposent plus souvent qu’aux plus jeunes l’impossibilité de financer une formation et de s’absenter pour y assister ?

  • Les modalités d’apprentissage ont évolué pour prendre  en compte l’expérience des salariés les plus âgés. Les formations en situation de travail se développent.

  • Les objectifs de formation exprimés par les salariés restent en majorité à visée professionnelle, « être plus efficace dans son travail ». Le souci d' »éviter de perdre son emploi » reste minoritaire en dépit de la fragilisation des situations professionnelles.

Au travers de cette étude, il apparaît  que les entreprises françaises, à l’inverse des scandinaves, ne semblent pas mettre en place des programmes de formation dont l’objectif serait de garder dans leurs effectifs les salariés les plus âgés. On n’est pas surpris en conséquence que le taux de chômage des 55-64 ans demeure élevé et que le taux d’activité de la même tranche d’âge nous classe dans les mauvais élèves de la classe européenne.

 

REFERENCES

Étude du Centre d’études et de recherches sur les qualifications Cereq Formation continue et parcours professionnels : entre aspirations des salariés et contexte de l’entreprise p. 83-92 Former les salariés seniors pour les maintenir en emploi : quelle réalité ? Jean-Marie Dubois et Christine Fournier   

Groupe d’exploitation des données Défis