Episode 35 – Reconversion et entreprenariat (3/3) – Chloé Tegny analyse les résultats de l’étude « Reconversion professionnelle des femmes » qu’elle a menée à l’IFOP

J’ai cherché, sans y parvenir, un.e expert.e qui dresserait un état des lieux de la création d’entreprise par les femmes. C’est très difficile car il y a de nombreux cas de figure, très divers, qui ne permettent pas de se faire une idée réelle. Quel rapport entre des jeunes créatrices de start up qui se heurteraient aux difficultés de lever des fonds et une ergothérapeute qui s’installe en libérale ? Entre Valérie Hoffenberg que j’ai interviewée dans l’épisode 33 qui dispose d’une culture entrepreneuriale, d’un environnement familial et d’un réseau et une journaliste chercheuse d’emploi divorcée en fin de droits acceptant de s’inscrire en auto-entrepreneuse pour rédiger quelques articles ?

J’y ai donc renoncé grâce à Chloé Tegny, chargée d’études à l’IFOP. Elle a supervisé une étude réalisée à la demande du cabinet Garance et moi qui souhaitait connaître les aspirations professionnelles des femmes.
En effet, avant même de se lancer dans l’aventure entreprenariale, il y a une étape préalable, le moment où on se prend à rêver de reconversion. C’est bien par là qu’il fallait commencer !

Les résultats de cette étude qu’elle nous présente, sont préoccupants :

Les femmes, tous âges confondus, font état de nombreux motifs d’insatisfaction.

  • Un peu plus d’1 sur 2 se déclare stressée

  • À peine 1 sur 2 se satisfait de sa rémunération

  • 36 % ont le sentiment que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Elles sont donc 57 % à rêver parfois de reconversion professionnelle, à cause de l’ennui et de la frustration qu’elles déclarent éprouver.

Pourtant, la réalisation de ce rêve est semée d’embûches. Parmi celles qui ont déclaré vouloir se reconvertir, beaucoup sont découragées et freinées par le manque de temps et les contraintes financières.

La situation est encore plus dégradée pour les femmes expérimentées.  Elles ne sont plus que 46% (au lieu de 57 % pour l’ensemble) à rêver de reconversion, alors qu’on aurait pu croire qu’elles y seraient incitées par l’allègement de leurs charges familiales. Eles subissent plus d’insécurité financière, de stress et de problèmes de santé.

Il me semble qu’il faut tenir compte des résultats passionnants de cette étude, qui rebat les cartes des idées reçues sur l’entreprenariat au féminin. 

Les femmes, et particulièrement, les plus âgées, sont en souffrance au travail. Il est nécessaire qu’elles soient mieux soutenues dans leurs ambitions et aspirations. C’est d’ailleurs ce qu’elles expriment dans l’enquête : 61 % des femmes interrogées pensent qu’un accompagnement à la reconversion professionnelle les aiderait à sauter le pas.

Références

Les chemins de l’égalité professionnelle  par Romain Bendavid et Flora Baumlin